Orthophonie et lecture labiale

La lecture labiale est un moyen naturel de compensation chez les devenus sourds ou malentendants. Lorsque l'audition ne permet plus de tout comprendre, la lecture sur les lèvres permet de compléter la compréhension du message sonore. Cette technique peut être développée avec l'aide d'un orthophoniste.

Parlez-en à votre médecin : il pourra vous prescrire un bilan orthophonique.

Surdi13 organise pour ses adhérents des cours en groupe de lecture labiale. Les cours en groupe ont l'avantage de la convivialité et permettent une meilleure progression.  En savoir plus sur ces cours hebdomadaires

Apport de l'orthophonie

L’orthophonie s’occupe des troubles liés à la communication via le langage et la parole. Les origines de ces troubles peuvent être multiples (maladie, accident, vieillissement…) et intervenir depuis l’enfance comme au cours de la vie. Elle n’est pas l’apanage des sourds et malentendants. 


Dans le cadre des troubles de l’audition, l’orthophonie consiste à développer la capacité innée de percevoir et interpréter les indices du langage autres que vocaux, ce qu’on appelle la lecture labiale, ou faciale, comme préfèrent dire les orthophonistes. 

Elle peut aider la personne à exploiter au mieux son appareillage.

L’orthophonie permet de développer la capacité de lire la parole sur le visage, (plus précisément que sur les lèvres), car la parole n’est pas seulement une succession de sons, elle est produite par l’interaction de plusieurs structures de notre corps.  Du fait que les formes auditives et visuelles de la parole sont perçues selon une structure commune de traitement au cours de la perception de la parole, la vision des positions influence l’identification du message acoustique et participe à sa compréhension. 


La communication non vocale est pratiquée souvent de manière inconsciente, dès que le son n’est plus, ou mal, perçu, par exemple en environnement bruyant (restaurants…), en situation de silence imposé (spectacle, conférence)… 


La parole s’exprime par la voix, elle est modulée par le larynx (les cordes vocales qui donnent le son), les muscles respiratoires (qui donnent l’intensité au son), puis les différentes cavités de la bouche, (gorge, lèvres et visage donnent le timbre de la voix) : cette modulation, qui permet de faire la différence par exemple entre /k/ /g/ /r/, comme dans cas, gars, rat, manque à une pure lecture labiale, entraînant de nombreux sosies labiaux puisqu’il y a seulement 12 images labiales pour les 36 phonèmes (sons) de la langue française. 


Ainsi, contrairement à l’idée courante, on ne peut comprendre les paroles par le seul mouvement des lèvres, une perception minimale de la voix est nécessaire pour pouvoir interpréter, et non pas lire, les mots : en général, sans autres indices, on n’arrive à « lire » que 10% à 20% de ce qui est dit. La labiolecture seule ne permet de percevoir que 30% d’informations phonémiques et 50% d’informations lexicales certaines du message oral. 



 

On distingue 3 étapes successives de la lecture labiale

On distingue 3 étapes successives de la lecture labiale

- D’abord percevoir ce qui peut être vu 

- Puis interpréter ce qu’on a perçu 

- Et enfin compléter ce qui n’a pas été vu par la suppléance mentale.

 

1 - Ce qu’on peut voir 

Les indices visuels sont donnés par l’articulation des sons de la parole, c’est-à-dire la forme et la durée des mouvements qui modulent la voix entre le larynx et les lèvres. 


Attention et discrimination sont essentielles pour voir ces indices: les mouvements de la parole ne sont pas tous visibles sur les lèvres : la voix, la nasalisation, l’articulation avant ou arrière, ne sont pas repérables, entraînant les sosies labiaux.  


2 - Interpréter ce qu’on a vu 

La parole n’est pas une succession de sons, phonèmes, indépendants les uns des autres. 


 Du phonème à la phrase puis au discours, une succession d’interactions est à l’œuvre, le flux de la parole entraîne des influences réciproques sur la réalisation des phonèmes qui ne sont presque jamais « purs » : par exemple lors de l’expression du mot « absent », le /b/], voisé, tend à perdre sa sonorité et à devenir /p/ parce qu’il prépare le /s/] à venir, non voisé, qui lui-même peut se voiser à la suite du /b/. 


 Puis chaque mot interprété, dès le premier, oriente immédiatement par inférence vers une suite que l’expérience jugera logique : si le premier est « elle » par exemple, on va s’orienter plutôt vers un verbe, bloquant d’autres interprétations possibles, comme un nom par exemple « montagne ». 


 Enfin, une dimension émotionnelle donnée par les traits du visage permet de compléter l’interprétation : « il est absent » n’a pas la même interprétation s’il est accompagné par une expression de surprise, ou de tristesse, ou de colère. 


3 - Compléter ce qui n’a pas été vu ou interprété par la suppléance mentale


Elle repose sur la perception d’un minimum sonore, en plus des indices donnés par les mouvements du visage, le contexte et l’environnement, la connaissance du sujet de la conversation, l’expérience et la pratique.


Plus la parole à identifier est courte, plus le recours à la suppléance mentale sera important.


 Elle demande au lecteur une concentration mentale importante par la mise en jeu des capacités de la personne :

-   La mémoire de travail (ou mémoire à court terme) permet de conserver les informations perçues pour une utilisation immédiate.

-   La mémoire à long terme fait appel à l’ensemble des connaissances de la langue, tant en vocabulaire qu’en grammaire, mais aussi culturelles.

-   La capacité d’inférence permet d’associer des mots aux idées et au sujet dont il est question.

-   La capacité d’attention et de concentration permet de ne pas se laisser distraire par l’environnement.

-   Les centres d’intérêt et domaines d’expertise


Phonèmes, voisement, articulation, nasalisation

Les phonèmes, unités de son de la voix, sont les éléments de base de la parole. 

En français on distingue 36 phonèmes vocaux 

  • 16 voyelles, qui laissent passer le flux d’air sans restriction ou blocage.
  • 20 consonnes dont 4 « semi-consonnes » qui forment un obstacle au flux soit par rétrécissement soit par obstacle. 

Les voyelles, toujours voisées par essence, (voyelle dérive de « voix »), sont partiellement identifiables sur les lèvres. 


Cinq critères articulatoires permettent de distinguer les voyelles entre elles : l’aperture (ou ouverture) de la mâchoire, l’antériorité (position de la langue en avant ou en arrière), la labialisation (arrondissement des lèvres), la nasalisation (abaissement du voile du palais). 

- Bouche grande ouverte : /a/. C’est le premier son émis par les nouveau-nés ( papa )

- Bouche mi-ouverte : /o/ /eu/ ouverts (bol, heure) 

- Lèvres étirées : /i/ /é/ /è/ (il, chez, elle) 

- Lèvres rassemblées au centre et bouche fermée: /o/ /eu/ /u/ /ou/ (mot, feu, rue, roue) 

- Nasalisation: /on/ /in/ /un/ /an/ (ton, bain, un, vent). NB : La nasalisation n’est pas n’est pas perceptible visuellement. 


Une voyelle peut former un mot à elle seule : eau, haut, /o/ 


Les consonnes, sont également partiellement identifiables sur les lèvres. 

Quatre critères articulatoires permettent de distinguer les consonnes entre elles : le voisement (sourd/sonore), le point d’articulation, le mode d’articulation, la nasalisation


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